L'enfant du monde

Gilles Cervera

L'enfant du monde
Popularité
Popularité du livre : faible
Notes
Note globale
★★★★★
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3.05
Note personnelle
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Un enfant naît et le malheur d'être homme commence. L'enfant est malade. Son cerveau est soustrait de l'histoire commune. L'histoire est longue, prolongée peut-être car les médecins s'acharnent et, à plusieurs reprises, le sauvent. L'enfant est très puissant dans ce qu'il crée de lien sauvage, sans mots ni langage, ou tellement infinitésimal. Nés avec l'enfant, la souffrance, la séparation et surtout le non-dit. Ce livre pour tous les enfants du nom-dit. C'est une biographie avec un début dont la fin viendra. Entre les deux, tout cela qui n'est pas vide. Tout cela qui forme un lac gelé, sombre dessous et sombre dessus. Un lac noir de bas en haut. Vitrifié. L'enfant n'agit pas sur le monde. Il le domine. Il domine tous les vivants qui savent de sa naissance à aujourd'hui son alitement. Son éloignement rapproche les uns et les autres dans le boucan, le vacarme, le ramdam du silence. Voyez comment le nommer, c'est un rassemblement d'épars. Une réunion dispersée. Aucun acte. L'enfant ne fait rien. Ne dit rien. Il ne bouge que par ressauts ou risques de convulsion. L'électricité. Il ne remonte pas les trains par le haut des toits la nuit dans les gares abandonniques de province. Il ne joue pas avec les caténaires et ne chute pas. Le courant fait masse mais au-dedans. Il ne risque pas sa peau, ne joue pas avec le feu. On ne retrouve pas son corps comatique le long des wagons, sa tête en sang près des ballasts. Cela n'appartient pas aux mêmes catégories, ne ressort pas des mêmes faits divers. L'enfant n'est pas un fait divers, c'est un fait. L'enfant fait.

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