L'enfant du carnaval
Quoique étranger à toute bibliophilie,j'aime à lire, parfois dans de vieilles éditions : tout alors, format, typographie, odeur de vieux papier, taches de vieillesse, pages effritées, me renvoie à cette résistance du temps traversé sans laquelle il n'est pas d'Histoire, ni de littérature. Toute lecture suppose une politesse, quelque geste machinal signalant que, pendant un instant au moins, on fera passer l'autre avant soi. Alors nous prononçons que ces mots que nous n'écoutons plus : après vous. Pigault-Lebrun, est l'un de ces vieillards des Lettres que tout le monde ou presque néglige.J'aime sa voix éraillée mais joyeuse, où passe encore un peu de cette folie française qui m'a toujours parue l'une des plus belles traditions de notre pays.' Stéphane Audeguy