L'air libre
Dans sa première publication en 1993, Albane Gellé écrivait qu'un homme lui avait "arraché la langue".
Depuis, elle cherche, poète, à se donner une langue neuve, sa langue.
"Je me tais ", répète-t-elle (dix fois dans L'Air libre), en précisant, à chaque fois, pourquoi: parce que quand j' étais petite un homme à côté de moi parlait parlait il me donnait envie de vomir; parce que tout près ça parle bien je ne vois pas ce que je pourrais ajouter; parce que quelqu'un parle fort il n' y a plus de place; par hasard; par habitude; et croyez-moi c'est mieux comme ça; parce que je suis fatiguée; par provocation
(pas souvent) ; comme ça pour rien; et alors. Jusqu'à la dernière page, porte qui claque sur un "Je ne me tais pas". Prise de parole (poème) intransitive.
On quitte ce livre un peu comme on sort de Parle avec elle, le dernier film d'Almodovar: avec une sorte d'anxiété éblouie, de contrariété désirante qui ramène à la surface. Mène à l'air libre, quasi malgré soi.
Albane Gellé est née en 1971 à Guérande. Elle vit toujours en Loire-Atlantique
Livres de l'auteur : Albane Gelle
Ne vivent haut que ceux qui rêvent