C’est un petit gribouillis tout noir. Un simple coup de stylo sur une feuille, posé là et oublié dans un coin. Un jour, le gribouillis a des démangeaisons. Quelque chose lui pique le dos. Il est pris subitement d’une envie de bouger. Alors, à force de gigoter et de se tordre dans tous les sens, le voilà qui se redresse et perd sa forme initiale. Impossible de revenir à sa position de gribouillis. Du coup, il décide de voir du pays et de se balader sur la feuille de papier. Mais ce qu’il ne sait pas, le petit gribouillis, c’est que cette feuille est l’une des pages d’un catalogue de vente par correspondance : le beau catalogue des "merveilleuses usines mécaniques modernes". Dans un catalogue, c’est bien connu, on trouve toutes sortes d’objets. Un véritable univers en réduction : des appareils de chauffage, des calorifères à feu continu, des cornets pour vélocipèdeet des chaussettes pour sportifs. Notre gribouillis va donc découvrir tout ce petit monde. Forcément, il est un peu perdu. Pensez donc : il ne soupçonnait pas l’existence de tous ces trésors, et en plus, il ne connaît personne. Mais justement, il ne va pas tarder à faire connaissance avec lepersonnel. Oh, tout le monde n’est pas toujours gentil, ça non ! Par exemple, le patron : ici, c’est lui qui commande, et il n’est pas commode. C’est un petit diable, tout droit sorti de la rubrique "Jouets", page 666. Il emmène le gribouillis à travers les pages du catalogue, essaie de lui faire don de la parole et passe son temps à l’enguirlander? d’ailleurs, il enguirlande tout le monde. Il y a aussi les draps, de la brigade des draps et des torchons, qui ne supportent pas le moindre faux pli dans les affaires et sont à la botte du patron… Heureusement, il y a Dentelle. Ah, Dentelle… Elle, c’est une "gentille créature parfumée", belle comme le jour et douce comme tout. Le problème, c’est qu’elle a perdu ses yeux : le patron les lui a ôtés, et ne les lui rendra que quand elle l’épousera. Décidément, il s’en passe de drô