Exposition de reptiles vivants
J’idéalise ton animal
je rampe aussi mais sans doute mal
je crie aussi je lèche aussi
c’est toujours lui que tu nourris
Tout animal a un monde et voici donc celui de Guillaume Marie. Exposition de reptiles vivants est un livre de parade amoureuse, c’est une queue de paon déployée, un brame un peu obstiné, un rite obscur de chasse dans lequel on ne sait plus qui est la proie. C’est un livre de désir autant qu’une exploration du devenir-animal.
Pour le composer, Guillaume Marie s’est appuyé sur la force presque chamanique des noms de bêtes : coq, veau, pic, geai, pie... autant de monosyllabes qui ont influencé la musique particulière et le rythme du livre.
La nuit je ne dors pas
je m’en vais dans les airs
je suis Nils et son oie
j’ai joue ronde et plume blanche
poil au vent patte rouge
bec et nez à la fois
Mais Guillaume Marie, dont c’est ici le premier recueil en solitaire, a aussi rassemblé des textes plus longs, qui ressortent d’une prose métaphorique infusée par l’expérience de la nature comme par ses lectures. Ainsi le poème qui donne son titre au recueil, déclaration d’amour maquillée en conférence à la fois précise et incertaine : «Jusqu’à un certain point je vais expliquer ce qu’est un reptile et ce, de différentes manières...»
C’est enfin un livre d’une drôlerie constante, d’un poète qui s’amuse de son double besoin perpétuel de délimiter son territoire et de se laisser déborder.