J’ai tapé ton nom sur le moteur de recherche. J’ai découvert ton blog. Tes photos sont vraiment belles. Si tu le souhaites, tu peux me répondre. Anne, ta mère. »

Un message d’Elle. Depuis toujours Martin a rêvé de voir ça écrit devant lui. Un signe de sa mère qu’il n’a jamais vue, et dont le souvenir se limite à un demi-portrait photographique retrouvé dans la poche d’une veste de son père. Le bas du visage est déjà tout plissé et s’efface. Un jour peut-être il n’y aura plus rien. D’un coup, ça fait trop pour Martin.

S’il ne répond pas à sa mère, l’histoire s’arrêtera là. Pourtant est-ce que tout depuis le début n’était pas tendu vers cette rencontre ? Les photos de Martin, son exposition, son blog ?...

Lors d’un travail en atelier autour des photos d’enfance, un artiste photographe avait suggéré à Martin de travailler sur le montage, le trucage, pour raconter son histoire. Puisque Martin n’a pas de photos de son enfance, il va en fabriquer : recréer les souvenirs, les visages, évoquer l’absente… pour la sortir de l’oubli.

Le temps du roman est suspendu entre deux messages : l’amorce d’un contact par e-mail et la réponse de Martin.

Un court roman tout en retenue, au tempo très particulier, composé à partir de 12 photographies de Corinne Mercadier qui évoquent la présence/absence : sculptures aériennes formées par des vêtements en suspension ou gonflés par le vent, photos Polaroïd de bord de mer dont le flouté rappelle le rendu particulier du sténopé.