Elle, Adrienne
Les incertitudes de la vie en Europe Centrale ont fait d'Ulric Muhlen, gentilhomme tchèque, un officier dans l'armée allemande. La seconde guerre mondiale et le déferlement nazi en feront un envahisseur peu convaincu puis un vainqueur sceptique.
C'est à Paris, dans un de ces salons qui s'ouvraient aux Allemands et aux tenants de la politique de collaboration, qu'il rencontre Adrienne.
Qui est cette femme ? Le saura-t-il jamais. Elle est belle, libre, indépendante, elle a un métier et son talent de couturière lui confère une grande renommée. Ulric l'aimera de passion. Mais jamais il ne parviendra à percer son mystère et c'est en vain qu'il tentera de la comprendre, en vain qu'il cherchera à reconstituer le passé de celle dont il subit l'envoûtement. Adrienne incarnera toujours la conquête impossible.
Serge, le neveu d'Adrienne, en sait-il davantage ? Lui aussi éprouve pour elle un sentiment proche de l'amour. Enfant il l'admirait, adolescent il la désire. C'est Adrienne qui l'a conduit à Marseille par les routes bouleversées de l'exode et c'est là qu'elle l'a laissé.
Et c'est le silence. Que fait-elle à Paris ? Qui aime-t-elle ?
Serge ressentira douloureusement « la trahison » d'Adrienne. Il en aura connaissance alors que ses dix-sept ans se rebellent et l'inclinent vers la Résistance.
L'initiation de Serge à l'action clandestine, son apprentissage de la révolte, Marseille lui apparaissant enfin sous son vrai jour, refuge des victimes d'un monde en diaspora, l'admirable amitié qui, jusqu'au combat final, le lie à Miguel, le républicain d'Espagne, le tableau de la vie des émigrés, le soulèvement de la ville à l'heure du débarquement allié. Ulric devenu un homme entre deux mondes, drame qu'Elle, Adrienne, exprime encore mieux peut-être qu'« Oublier Palerme », font de ce roman, en même temps qu'une double histoire d'amour, une véritable biographie d'une Europe disparue : celle des années quarante.