Descente à Valdez
Bienvenue à Valdez, en Alaska, à prononcer Valdiiiz pour que ça rime avec disease ("maladie" en anglais). Le ton est donné ! L'atterrissage ne se fera pas en douceur : le pilote, quasi imberbe, a appris le boulot sur le tas et s'allume une clope d'une main tandis qu'il contrôle de l'autre l'avion pris dans la tempête. Au programme à l'arrivée : nuits en dortoir avec les ouvriers, constat du conflit d'intérêts entre les caribous et les constructeurs de l'oléoduc, pêche au saumon en compagnie d'un Indien ivrogne, timide apprentissage de la danse two-step, et surtout, rencontre avec un échantillon représentatif de la population locale. Vous voilà dans la peau d'Harry Crews.
Chargé par Playboy d'écrire un reportage sur le très controversé oléoduc trans-Alaska, Crews, qui fait ses classes en tant que journaliste sur le terrain, se heurte à des autochtones peu amènes. Mais plus la bière coule, plus les langues se délient. Place à Hap, le cuistot du camp, à la table duquel Crews fait la connaissance d'un contremaître furieux de s'être fait arnaquer avec des réveils défectueux pour les ouvriers, à Lynn, qui cuit des gâteaux pouvant dissimuler une fiole d'alcool, interdit sur le chantier, ou encore à deux tatoueurs exerçant leur art sur notre auteur une fois son taux d'alcoolémie suffisamment élevé. Les dialogues sont truculents, les situations rocambolesques et le récit de cette virée en pays hostile complètement déjanté.
Le tout sur fond de conflit géo-écolo-politique : 15 ans plus tard, en 1989, les États-Unis connaissent leur plus importante marée noire. Le pétrolier Exxon Valdez échoue sur les côtes de l'Alaska, y déversant 40 000 tonnes de pétrole brut.