Coups de soleil
Tous les textes qu'on va lire, à l'eÎption de deux, ont été écrits entre 1925 et 1930. Leur unité n'est pas seulement géographique : Midi, Afrique, Espagne; elle tient encore à ce que, tous, ils sont frappés par le a coup de soleil » que donnent ces pays du soleil. IL y a dans tous, ou presque tous, une pointe de plaisanterie, de galéjade, d'andalousade. Ce genre déconcerte un public de plus en plus lourd, et, par conséquent, de plus en plus sur ses gardes. Si vous riez, vous le mettez en fureur. Si vous pincez sans rire, ce n'est pas de la fureur, c'est de la haine. Dans ces deux cas, aussi, il croit que tout est plaisanterie, où il y a plaisanterie. Alors que le rire réserve la part du sérieux. Et que le burlesque même peut n'être qu'une cosse qui protège l'essence la plus rare du fruit. Des deux textes rédigés moins anciennement, Carmen Amaya, écrit il y a dix-huit mois, peut montrer que je suis resté fidèle aux danseuses espagnoles de La Petite Infante de Castille. Et Continuité de l'Espagne, écrit en 1936, je ne vois pas ce que je devrais y changer aujourd'hui.Comme quoi certains grands écrivains trouvent leur style de début on pourrait presque dire de naissance. Dans ce recueil qu'il avait préparé lui-même, les textes « de jeunesse » rejoignent, par leur perfection, ceux de la maturité : même frappe de langage, mêmes raccourcis de pensée, même dureté dans la poésie des récits et dans leur morale.