Clint Eastwood
Si Clint Eastwood est unanimement reconnu aujourd'hui comme l'un des plus grands cinéastes américains, à qui l'on doit des chefs d'oeuvre comme Impitoyable ou Million Dollar Baby, son parcours vers les sommets du box-office e de la critique est bien loin d'avoir été un long fleuve tranquille. Il surgit dans les années soixante en icône du western à l'italienne soous la férule de Sergio Leone avec la "trilogie des dollars". De retour à Hollywood dans les années soixante-dix, il échange sa panoplie - cigarillo, Stetson et poncho - contre celle de l'inspecteur Harry - badge étoilé, Ray-Ban et Magnum 44 -, celui par qui le scandale arrive. C'est au même moment qu'il fait ses débuts de réalisateur avec Breezy et Josey Wales hors-la-loi. De film en film, la figure d'Eastwood s'enrichit de facettes nouvelles à rebours des simplifications dont il est l'objet. Désormais, il va contrôler tous les films dans lesquels il joue, même quand il en confie la réalisation à un autre. Et il va même réaliser des films où il ne jouera pas. Le western reste sa terre d'élection (Pale Rider), mais il élargit désormais sa palette avec des films noirs (Mystic River), des films de guerre (Lettres d'Iwo Jima), des comédies (Ca va cogner, avec un orang-outang !), des films musicaux (Bird), des road-movies (Un monde parfait), des mélodrames (Sur la route de Madison). Eastwood poursuit ainsi une forme de vérité originelle de l'être humain à la manière des grands cinéastes classiques, mais sachant, comme le cinéma moderne nous l'a appris, que la mission est impossible et que l'enquête continue.
Ancien rédacteur aux Cahiers du cinéma et délégué général du festival Entrevues de Belfort de 2001 à 2005, Bernard Benoliel est directeur de l'Action culturelle à la Cinémathèque française. Il écrit dans la revue Cinéma, a publié un ouvrage sur Anthony Mann (L'Homme de la plaine, éditions Cahiers du Cinéma/Scéren-CNDP, 2004) et a dirigé Le Préjugé de la rampe - Pour un cinéma déchaîné (ACOR, 2004).