Chronique de Nestor (Récit des temps passés)
Au début du XIIe siècle, dans le monastère des Grottes à Kiev, le moine Nestor entreprit de rédiger cette Chronique, qui porte son nom, et qui est la plus ancienne histoire de la Russie que l’on connaisse.
L’entreprise était formidablement ambitieuse. Il s’agissait en effet d’une mise en ordre du temps afin d’inscrire la principauté de Kiev, capitale de ce qui s’appelait alors la Rus’, dans la continuité de l’histoire universelle chrétienne. Nestor commence ainsi son récit avec le partage du monde qui eut lieu après le déluge, et, nommant les peuples qui habitèrent la terre, fait entrer dans l’histoire (au commencement du septième millénaire après la création du monde) les différents peuples slaves qui occupaient les forêts et les rives des grands fleuves entre la Baltique et la mer Noire. Année par année, il recense les événements qui ont marqué la naissance de cette Russie primitive, articulant habilement les récits mythiques ou légendaires des âges obscurs, puis raconte comment, du mélange des tribus slaves avec les scandinaves installés entre Novgorod et Kiev est née le premier embryon des mondes russes. À la suite d’expéditions commerciales et de pillage contre Constantinople, la lente et difficile christianisation des Russes commence, au milieu des guerres entre princes ou tribus, accompagnée de la diffusion de l’alphabet cyrillique, qui véhicule le christianisme orthodoxe sous le patronage très prégnant de l’Empire byzantin.