Chagall : Connu et inconnu
Il y a une dialectique chagallienne à quoi je ne connais de précédent que Le songe d'une nuit d'été... Le mirage ici n'est pas aux confins du désert, mais au miroitement des êtres où la bête et l'homme se confondent, on ne sait quel rêve de la main morcelle amoureusement l'ombre, et la clarté semble de la pulpe des doigts palper l'éparpillement d'un vert et d'un orange... " Trente années nous séparent aujourd'hui de cette parole d'Aragon sur Chagall, presque contemporaine du dernier Hommage à Chagall au Grand Palais en 1969. Le temps de se retourner sur toute une œuvre foisonnante, joyeuse et grave, d'en découvrir aussi la dernière période, parfois inconnue, souvent méconnue, empreinte d'un amour intact pour la couleur et la poésie, les bêtes et les étoiles, les petites maisons russes, les clowns musiciens, la tour Eiffel, la ville natale. L'ouvrage reflète, à travers quelque quatre-vingts années de peinture et cent quatre-vingts tableaux et dessins, la louange à la vie une et multiple, que Chagall, disparu en 1985, n'a cessé de célébrer jusque dans son grand âge, sans jamais se soucier des écoles, des académies, des courants ni des mots d'ordre.