Alchimie
L’auteur montre ici que l’alchimie a été théorisée et pratiquée depuis les époques les plus reculées dans toutes les grandes civilisations, en Inde, en Chine, en Mésopotamie, puis dans la Grèce alexandrine, dans la civilisation arabo-musulmane qui l’avait héritée des Perses et enfin dans l’Europe chrétienne. Cette appréhension originale du monde et de soi-même, de leurs relations réciproques, des correspondances secrètes liant leurs mouvements et leurs rythmes, consignée dans des formes verbales adéquates à son objet, a toujours appartenu, nul ne l’ignore, au domaine de la Poésie.
On ne s’étonnera donc pas que, dans une civilisation qui a relégué la Poésie à un rôle purement décoratif, d’authentiques poètes, pour qui leur art avait une tout autre portée, aient été fascinés par l’alchimie, de Nerval à Rimbaud et à André Breton, entre autres. Plus généralement, on pourra observer que des auteurs, parmi les plus critiques des idéologies de leur temps, Rabelais, Cervantès, De Cyrano, Swift, pour ne nommer que les plus célèbres, se sont largement inspirés du mode de connaissance alchimique et même de son mode d’expression.