Ablutions
Depuis le comptoir d’un bar glauque de Los Angeles s’élève la voix de celui qui est payé pour déverser nuit après nuit des fleuves d’alcool dans les verres que tendent vers lui les habitués : pochards, camés, ratés, dealers et amateurs de combines dangereuses et illégales en tous genres. Présentés comme une série de notes pour un roman à venir que rédige un barman aussi allumé que ses clients, les chapitres se succèdent au rythme effréné auquel l’alcool et la cocaïne se consomment en ces lieux.
Avec un sens de l’humour qui ne désarme jamais, Patrick deWitt croque ici une galerie de personnages cabossés, qui, plus que la marginalité, partagent avant tout le don de l’affabulation. Et, aussi monstrueux que paraissent ces oiseaux de nuit, c’est avec une tendresse certaine que son regard les fait surgir, par-delà leurs défaillances, dans leur humanité profonde.