Il y a 65 ans, le 6 février 1945, Robert Brasillach, journaliste

et écrivain de renom, était fusillé pour intelligence avec l’ennemi.

Philippe Bilger ne revient pas sur sa culpabilité. Il retrace

le parcours intellectuel de ce personnage sulfureux et met

en lumière les ressorts intimes de l’écrivain collaborateur, les raisons tantôt explicites, tantôt obscures, de ses dérives.

Surtout, – et c’est toute la nouveauté de son ouvrage –, il pointe la justice expéditive qui a présidé au procès de cet intellectuel qu’il rejuge en sa qualité d’avocat général. Car on peut accabler Brasillach autant qu’on veut, rien ne parviendra à justifier cette froide résolution mise en oeuvre par une cour d’eÎption de faire disparaître un esprit, une vie de la surface de la France.

Ambiguïté de la magistrature, lacunes de l’accusation, limites

de la défense, dignité de l’accusé à l’audience, responsabilité

de l’intellectuel en temps de guerre, antisémitisme et fureur

de l'Histoire, peine de mort programmée, grâce refusée : sans

réhabiliter Brasillach, Philippe Bilger se fraye un chemin dans

le maquis de cette destinée qui nous contraint à refuser ce que sa mort a accompli: trancher trop vite. Tuer, tout simplement.

Comment condamnerait-on Brasillach aujourd’hui ?

Philippe Bilger est né en 1943 à Metz. Son père a été condamné pour faits de collaboration, une injustice à ses yeux qui n'a pas été sans incidence sur le choix de sa carrière de magistrat et sur sa manière d'exercer sa fonction. Reconnu comme un esprit indépendant et inclassable, il a tenu à Paris le siège du Ministère public dans des affaires criminelles très médiatisées. Selon certains, il est le meilleur

avocat général de France. Incitant à la rigueur, il s'attache aussi à la psychologie des accusés pour favoriser une justice de qualité.

Fréquemment invité des médias qui apprécient sa libre parole, il intervient régulièrement sur la justice et les faits de société dans son blog très influent : Justice au singulier, où il défend la liberté d'expression.