1648, La Paix de Westphalie
La paix de Westphalie de 1648 met un terme à l'une des guerres les plus sanglantes de l'histoire, la guerre de Trente Ans, et signaler l'émergence de l'Europe moderne, celle des Etats-nations. Se met alors en place un échiquier politique dont l'objectif affiché est sa propre survie et auquel est attelée toute une série de mesures destinées à assurer sa pérennité, dont le sacro-saint respect de la souveraineté nationale et son corollaire : le devoir de non-ingérence. Ainsi s'installe, en 1648, un système de gestion des relations internationales à la fois complexe, efficient et durable qui va perdurer sous diverses formes jusqu'au XXe siècle et qu'on appellera le " système westphalien ". A l'heure actuelle, alors que l'Europe débat sur sa constitution et que ses dirigeants caressent le rêve d'une Europe unie faisant face à la volonté hégémonique de la superpuissance américaine, l'idée de voir renaître un tel système est toujours d'actualité. L'ordre westphalien, mis à mal par deux guerres mondiales, semblait moribond à l'issue de la guerre froide : pourtant, aujourd'hui, un système de sécurité collective fondé sur le respect du droit international incarne pour beaucoup l'avenir des relations interétatiques. Ainsi l'ordre westphalien, malgré ses limites, a toujours bien fonctionné et l'on pourrait dire, pour paraphraser Winston Churchill, que jusqu'à preuve du contraire, il est peut-être le pire des systèmes, à l'eÎption de tous les autres. L'idée centrale de cet ouvrage est de comprendre la nature du système westphalien, donc de revenir à ses origines, c'est-à-dire à la paix qui fut signée en 1648 dans les villes de Münster et d'Osnabrück. Comment, pourquoi, dans quelles circonstances et par qui les traités de Westphalie furent-ils préparés et signés ? Dans quelle mesure cette paix fut-elle si réussie, et pourquoi l'ordre westphalien qui en découla fut-il si durable ?