Mon livre surprise
Versants intimes
Pour Isabelle Autissier, la mer a constitué une évidence. Elle a environ sept ans lorsque sa vocation s'impose. Elle se trouve sur un petit dériveur, dans la baie de Lancieux, avec ses parents. La famille Autissier, qui habite la région parisienne, passe toutes ses vacances dans les Côtes d'Armor. Je me souviens très bien de ces premiers moments, sur ce petit bateau : j'étais là où je devais être, j'appréciais toutes les sensations, je trouvais ça beau, stimulant, j'aimais les mouvements, la manière de bouger de l'embarcation. Tout cela était extraordinaire et, dans le même temps, avait un aspect naturel. Je ne me souviens pas d'avoir eu peur; les choses se passaient comme elles devaient se passer... La famille s'enhardit et navigue vers l'Écosse, l'Irlande et l'Espagne. À cette époque (nous sommes à la fin des années 1960), on croise encore peu de voiliers dans les ports. Mon père était bon marin; il pratiquait une navigation très scientifique. Il nous a inculqué la curiosité, le goût de connaître et de comprendre. Afin de concilier son tempérament scientifique et sa passion pour la mer, Isabelle décide de suivre des études à l'École nationale supérieure agronomique de Rennes. Elle y obtient en 1980 un diplôme d'ingénieur agronome spécialisé en halieutique (étude de la pêche). Elle va travailler pendant une décennie dans ce milieu, effectuant des recherches pour le compte d'organismes tels IFREMER, puis enseigne à l'École maritime et aquacole de La Rochelle. Depuis l'enfance, je savais que ma vie serait consacrée à la mer. En entamant ces études, j'ai choisi une voie qui ait un rapport avec ce domaine - de cette façon je travaillerais au bord de l'eau : c'était un premier pas... De manière imprévue, son destin va croiser la compétition. J'étais plutôt d'une école de la croisière et de la découverte, ce que je faisais en famille. Pour moi, la mer représentait le voyage... Après avoir construit son premier bateau, Parole, elle effectue une première traversée océanique en solitaire et, fin 1987, participe à la Mini-Transat, course en solitaire ralliant Concarneau aux Antilles. Elle termine troisième au classement général. J'étais avant tout motivée par la curiosité, je voulais l'avoir fait une fois dans ma vie... Je me disais que j'allais forcément apprendre des choses, expérimenter une manière différente de naviguer... J'y suis allée à fond, et je me suis littéralement éclatée ! Du coup, j'ai décidé de continuer. La compétition va occuper quinze ans de son existence, quinze années vécues avec une rare intensité, qui vont conférer à Isabelle Autissier une notoriété mondiale.