Mon livre surprise
Un certain Robert Doisneau
Des gamins turbulents rapportant la bouteille de lait matinal, d'autres qui font le poirier dans la rue, un baiser à l'hôtel de ville, des marchands de quatre-saisons, des riverains au balcon rue des Canettes, un vent d'automne dans le microclimat de la rue Royale, un carré de beloteurs, une rue pavée en dents de scie sous le ciel grisâtre de Vitry, des gens chics, des anonymes, des portraits de Picasso, de Jean Arp, de Tati...
La photographie de Robert Doisneau se vit dans un plaisir toujours recommencé, dans une cueillette désordonnée d'images tel que l'illustre cet ouvrage commenté par l'artiste lui-même.
Guidé par un réflexe de désobéissance, en quête "de lumière sauvage, toute faite de reflets, de contre-jours, qui, elle non plus, n'obéissait pas aux convenances de la lumière tamisée tout juste bonne à essuyer les plâtres des salles de dessin", le photographe, refusant toute catégorisation, s'est laissé aller au fourre-tout, au pot-pourri suivant ses humeurs.
Des humeurs vagabondes, fantaisistes, un brin malicieuses, qui font la part belle à la poésie, avec une formidable légèreté et le secret espoir de déranger l'ordre établi. --Céline Darner