Mon livre surprise
Paul en Finlande
Les quatre nouvelles que rassemble ce premier livre de Yann Martel traduisent une fascination pour l'Histoire, pour les liens mystérieux qui unissent les drames publics et les drames privés, l'intime et l'impersonnel. Tous les déchirements du siècle trouvent leur écho dans la dégradation d'un corps. Toute l'horreur de la guerre du Viêt-nam est traduite à travers la musique d'un compositeur inconnu. Toute la dénonciation de la peine de mort est dans les neuf lettres qu'un directeur de prison envoie à la mère d'un homme qui vient d'être exécuté. Tout l'amour du narrateur pour sa grand-mère se retrouve, d'une façon impertinente, dans un dialogue parallèle où les mots du jeune homme, ses souvenirs, n'ont rien à voir avec le blabla incessant de sa grand-mère. Dans Paul en Finlande, chaque fois s'incarne le même désir de donner aux événements une forme aussi vraie qu'inattendue qui trahit leur cruauté, leur absurdité. Il n'est jamais évident d'employer les sentiments pour parler de la marche du monde. Yann Martel y réussit.