Mon livre surprise

Oeuvres complètes (La Pléiade) T2 - Oeuvres complètes

Marguerite Duras

Oeuvres complètes (La Pléiade) - T2
Oeuvres complètes
1920 pages
Popularité
Popularité du livre : faible
Notes
Note globale
★★★★★
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4.51
Note personnelle
★★★★★
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Réunit : "Hiroshima mon amour" ; "Une aussi longue absence" ; "L'après-midi de Monsieur Andesmas" ; "Le ravissement de Lol V. Stein" ; "Les eaux et forêts" ; "Le square, trois tableaux" ; "La musica" ; "Le vice-consul" ; "L'amante anglaise" ; "Suzanna Andler" ; "Des journées entières dans les arbres" ; "Yes, peut-être" ; "Le shaga" ; "Un homme est venu me voir" ; "Le théâtre de l'amante anglaise" ; "Détruire dit-elle" ; "Abahn Sabana David" ; "L'amour" ; "Nathalie Granger" ; "La femme du Gange" ; "India song".

Marguerite Duras, qui fut une légende vivante, s'incarne pour beaucoup dans un livre particulier : souvent Un barrage contre le Pacifique (1950) ou L'Amant (1984), parfois Le Ravissement de Lol V. Stein (1964), ou encore dans un film et sa mélodie, India Song (1973). Plus rares sont les lecteurs qui se représentent l'œuvre dans sa continuité souterraine. À travers la diversité des genres – romans, nouvelles, théâtre, scénarios, films –, Duras n'a jamais cessé d'explorer l'écriture elle-même. Car c'est précisément la recherche d'une voix qui lui fût propre qui l'a amenée à composer pour le théâtre (où le langage « a lieu ») comme à prendre la caméra : « Je parle de l'écrit même quand j'ai l'air de parler du cinéma. Je ne sais pas parler d'autre chose. » Bien sûr, l'expérience de l'écriture dramatique ou cinématographique influence l'écriture romanesque, et certains sujets passent d'un genre ou d'un support à un autre, mais il y a plus : peu à peu se fait jour un style reposant sur la porosité des genres. Sur la couverture d'India Song se lit une triple mention, « texte théâtre film »...

Sa voix propre, Duras ne l'a pas trouvée d'emblée, et le mystère de sa découverte est l'un des charmes d'une lecture chronologique de son œuvre. Ses deux premiers romans respirent l'air « existentialiste » de l'époque. Les trois suivants – Un barrage contre le Pacifique (1950), Le Marin de Gibraltar (1952), Les Petits Chevaux de Tarquinia (1953) – s'inscrivent dans l'« âge du roman américain ». Puis, peu à peu, le romanesque narratif s'efface, les personnages s'estompent ou s'affinent – au point de se réduire bientôt, dans la nouvelle « Les Chantiers » (et plus tard dans Détruire dit-elle), à des séries d'états d'âme presque anonymes, voire à un étrange statut de regard regardé. L'évolution, toutefois, n'est pas linéaire : la tendance à la déréalisation du réel et au primat de la parole dialoguée ou soliloquée était marquée dès L'Après-midi de monsieur Andesmas (1962), mais les personnages du Vice-consul (1966) prennent corps dans la chaleur moite d'un décor indien quasi baroque.

Les deux premiers volumes des Œuvres complètes, enrichis de nombreux textes et documents rares, retracent l'histoire d'une écriture et, par le biais d'épisodes ou de personnages récurrents (dont certains deviendront de véritables mythes littéraires), mettent en place les « cycles », informels et poreux, qui traverseront toute l'œuvre : l'Indochine de l'enfance, l'Inde du fantasme.

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