Mon livre surprise
Le dernier chapitre
Quand Knut Hamsun publie "Le Dernier Chapitre", inédit en France jusqu'à ce jour, il est à l'apogée de sa gloire. Trois ans auparavant, le Prix Nobel l'a placé au premier rang de la littérature internationale. Le succès, cependant, ne l'a en rien éloigné des grands thèmes qui l'obsèdent. S'il n'exalte plus, comme dans Les Fruits de la terre, les joies de la nature, il n'en condamne pas moins l'avilissement de l'individu par le mode de vie industriel et l'irrémédiable coupure établie entre la civilisation et la vie paysanne, source de poésie et de liberté.
Le cadre fictif de cette société est un sanatorium de montagne où malades et bien portants sont venus soigner leur mal de vivre. Qu'ils soient petits bourgeois insatisfaits, escrocs, parvenus, ou désespérés, ces hommes et ces femmes se livrent, porteurs de différents masques, à une danse macabre de solitude et d'amour que mène le Suicidé, superbe anti-héros de l'absurde pour qui la mort est un rêve.
La mort, dernier chapitre du roman de la vie.
Thomas Mann, dont "La Montagne magique" peut être considérée, en apparence, comme une oeuvre-soeur du Dernier Chapitre, saluait « le charme infiniment aimable de l'art d'Hamsun », constitué par « les intensités poétiques et les émotions les plus profondes ».
Les lecteurs d'aujourd'hui verront en lui l'un des créateurs les plus modernes qui soient, virtuose dans l'art de l'Etre, du Paraître, et du Disparaître, dénonciateur de la médiocrité de notre civilisation, détracteur de l'École, et analyste des pulsion inconscientes.
[Source : Le Livre de Poche]