Mon livre surprise
La révolte des premiers de la classe
On voit depuis quelques années déferler une vague de jeunes urbains diplômés qui quittent leur emploi pour satisfaire une irrépressible envie de faire quelque chose de concret plutôt que de gaspiller leur temps dans un emploi de « cadre ou profession intellectuelle supérieure ».
Que font ces nouveaux entrepreneurs ? Ils ouvrent un restaurant, un foodtruck, un café, un bar. Ils se forment à la pâtisserie, à la cuisine, à la boulangerie, à la menuiserie, au vin, à la torréfaction. Ils se lancent dans le petit commerce de proximité, le plus souvent en ville et non à la campagne contrairement aux néo-artisans hippies de l’époque du retour à la terre.
D’ailleurs loin d’être « communautaires », leurs projets sont plutôt individualistes, ils sont menés seuls, en couple ou entre quelques associés, souvent une bande de copains. Comme c’est souvent le cas, ce qui arrive à maturité aux États-Unis déferle sur l’Europe avec une petite décennie de décalage, et on voit mal parmi les indicateurs socio-économiques ce qui pourrait freiner cette nouvelle vague de petits entrepreneurs urbains. Par leur ingéniosité, leur fraîcheur mais aussi parce qu’ils restent des intellectuels et portent un regard volontiers abstrait sur les métiers « manuels », ces nouveaux marchands vendent des produits mais aussi les symboles que recherche la nouvelle classe urbaine : l’authenticité, la nostalgie, le raffinement, l’histoire...
Au fil de sa plume mordante, Jean-Laurent Cassely, journaliste à Slate.fr dresse un constat sans concession, s’appuyant sur une solide enquête et une série d’interviews. Il s’interroge sur les motivations de ces diplômés, leur rapport au travail, leur approche du commerce de proximité et leur manière de redonner du prestige à des métiers et des fonctions longtemps ringardisés par le progrès et le tout-numérique.