Mon livre surprise
La Phalène
Revenue récemment au roman avec La Sorcière d'Exmoor (Phébus, 2002), Margaret Drabble, dent toujours dure mais cœur ouvert à toutes les compassions, persiste et signe avec ce livre, largement salué par la critique outre-Manche. L'héroïne de La Phalène est clairement donnée comme un double de la propre mère de l'auteur. Occasion pour Mrs Drabble de lancer quelques cruels coups de sonde dans l'histoire de ce XXe siècle qui a vu, dit-on, les femmes s'émanciper - mais dans une culpabilité qui laissait une place bien étroite à leur épanouissement intime. Occasion surtout de brosser le portrait d'un être violemment partagé, une sorte d'Emma Bovary des Midlands, intelligente et bridée pourtant par la convention provinciale, égoïste, odieuse même, et touchante dans la mesure où elle ne peut faire autrement que de refuser toutes les issues qui pourraient s'offrir à elle. Une insatisfaite qui s'accomplirait non dans la transgression mais dans la dépression chronique - dont elle tire au reste de réelles voluptés. Enfin, toutes faiblesses confondues, l'un de ces êtres têtus, indestructibles, qui sont à eux seuls des condensés du mystère humain.