Mon livre surprise
L'élégie érotique romaine. L'amour
Qui sont ces Lesbie ou ces Corinne, les héroïnes dont nous parlent Properce, Tibulle ou Ovide? Comment se fait-il que les quelques traits « biographiques » ou psychologiques qui nous sont donnés d'elles ne s'accordent pas entre eux? Quel est le monde que nous décrivent ces élégiaques? Pourquoi est-il si malaisé de l'identifier? Et surtout : d'où vient ce persistant sentiment d'étrangeté que l'on éprouve à les lire? Comment un écrivain peut-il à la fois faire entendre ici un accent de sincérité, et nous infliger ailleurs de longs morceaux conventionnels - mythologiques notamment? Paul Veyne, devant ces apparentes incongruités, pose aux textes une question essentielle et pourtant étrangement absente de la critique - Comment étaient-ils lus, reçus? Quel contrat proposaient-ils au lecteur? De quelle esthétique, aujourd'hui disparue, relèvent-ils? On verra que la réponse est subtile, et surprenante, puisqu'elle consiste à rapprocher l'élégie de la bucolique, qui met en scène avec le même artifice des bergers imaginaires jouant du pipeau. Véritable «pastorale en costume de ville», l'élégie, « oeuvre trompeuse», selon Properce, se révèle en somme être un monde où l'on fait semblant, avec humour, d'être amoureux, un peu comme dans une baraque foraine, on joue à se faire peur. Spécialiste du monde romain, professeur au Collège de France, s'est d'abord imposé au public par un- essai d'épistémologie retentissant - Comment on écrit l'histoire (Le Seuil, 1971). Il a démontré ses qualités d'historien et de sociologue dans son oeuvre maîtresse, le pain et le Cirque (Le Seuil, 1976), consacrée aux aspects irrationnels et oubliés de la politique, à travers les réalités romaines du panem et circences. L'ouvrage qu'il publie aujourd'hui sur l'élégie romaine s'inscrit dans une recherche qu'il a entreprise sur l'amour à Rome.
--Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.