Mon livre surprise
Journée de noces chez les Cromagnons
Au milieu des bombes, une mère de famille a décidé de marier sa fille et fait preuve d’une énergie délirante mais vitale pour convaincre son mari, son fils benjamin et sa voisine que le fiancé européen va débarquer aujourd’hui.
Malgré l’orage, les coupures d’électricité, les engueulades, les bombardements, le retard du fiancé inconnu et l’absence du fils aîné milicien, la fiancée qui s’endort à tout instant, le mariage doit avoir lieu, parce qu’elle en a décidé ainsi, parce que la vie doit continuer vaille que vaille.
Un jour d’orage, Nazha a décidé d’organiser le mariage de sa fille, coûte que coûte, comme un sale tour joué à la guerre qui fait rage. Elle veut croire que la vie continue, imperturbable. Le fils aîné est parti au combat ? le mariage de sa soeur le fera bien revenir. Le fiancé par correspondance est un parfait inconnu ?
Tant mieux, il débarrassera la famille d’une fille qui s’endort à tout instant ; tant pis, il emmènera la seule qui ne soit pas cruellement contaminée dans son langage par la crudité affreuse de la guerre. Les parents se déchirent, mais c’est leur manière de se prouver qu’ils ont encore l’énergie de s’aimer autant qu’ils se détestent. Neel le benjamin attend son grand frère Walter, parti les armes à la main, il oscille entre ses rêves héroïques de combattant (contre qui ?) et son envie de rester enfant. Mais il faut prévenir les voisines, préparer le gigot qui ne peut cuire avec toutes les coupures d’électricité, chercher la salade qui a goût de mort…
Neel et son père doutent bien un peu du fiancé annoncé par la mère, mais ils sont vite embarqués dans ce délire de faire semblant d’être à la noce. Pris au jeu, ils osent ce qu’ils n’ont jamais fait ou dit auparavant. Ils s’accrochent à ce rêve inventé contre le défaitisme du quotidien de la guerre : peut-être qu’après tout la vie pourrait être belle et les bombardements, un simple feu d’artifice. Dans ce combat enragé contre la mort, dans ce cache-cache avec la morosité, se niche toute leur résistance. Le théâtre est entré dans la maison.
Tant pis si on en fait un peu trop, si on surjoue face à tous les problèmes qui s’enchaînent dans cet appartement dévasté : la guerre est une farce, la vie est une illusion, mais la beauté existe. Faire semblant d’être heureux, pour le devenir vraiment ? Il n’y a pas que dans les contes de fées que les princes surgissent.