Mon livre surprise
Je neige
Dire les mots absents de la poésie de Villon, parler depuis les interstices entre ses mots.
S’enfoncer dans la béance
Faire entendre ce qui reste quand on met à terre les poèmes. Le mouvement qui ondoie sous les mots, ou juste avant les mots. Cette impulsion d’écrire qui a été sienne.
Ressaisir l’ondulation entre la vie du poète et son œuvre, ce qui sourd juste entre les faits actés dans les nombreuses biographies, et les ballades des Lais et du Testament. Dire le devenir poème. Un espace blanc strié. Un trait d’énergie entre la personne de Villon et son œuvre rédigée. Ne pas redire plus mal les ballades, poser à terre les biographies et les archives. Dialoguer avec ce qui a traversé Villon pour devenir œuvre. Dire ses alluvions, ce qui ne s’est pas sédimenté dans les poèmes. De l’alluvion, pas du sédiment, ce serait ça, la matière !
C’est donc l’absence de racines, le mouvement permanent, l’exil, l’absence de la terre et de la nature, si ce n’est la neige et le vent, l’insurrection, et l’amour, le jeu qui semblent être les impulsions d’écrire, qui ont tracé un trait entre son corps et son œuvre. Un trait qui devient voix. Une voix qui prend corps. Un corps mouvant, en mouvement
C’est de l’espace entre les mots de Villon que s’élèvera une voix. Et cette voix sera chant.
La voix est toujours rythme et couleur, tempo de la pensée. La voix intérieure, celle qui nous habite et que souvent nous n’entendons pas, recouverte par l’usage. Ecrire est, toujours, la désensevelir.
Oui, c’est cela, désensevelir la voix qui parle en nous.
Entendre les mondes qui habitaient la voix de Villon. Donner en mots les impulsions, la multitude de mouvements et de phrases qui animaient cette voix intérieure.