Mon livre surprise
Fragments d'un livre futur
Je n'ai pas le cœur, aujourd'hui, d'écrire une préface de plus sur ce que tu as explicitement conçu non comme un livre, avec tout ce que ce projet comporte de préméditation, mais comme un journal, de ce temps que tu regardais t'emporter, t'illuminer parfois, te détruire surtout, et qui ne devait s'achever qu'avec ta mort. Vie et œuvre s'y rejoignent ainsi dans leur indistinction même et c'est pourquoi, plus que tous les autres peut-être, ce dernier livre me touche tant. Comment dire la mélancolie profonde de mettre une fois encore tes mots dans ma bouche et de savoir que c'est à jamais la dernière ? De retrouver une dernière fois ces images (la fenêtre, l'automne, le crépuscule), ces obsessions (la dissolution, le vide, le néant), ces morts plus présents que tant de vivants (Hölderlin, Celan, Cernuda, Giordano Bruno...) et ce fantôme surtout, qui ne cesse, jusqu'à la fin de te hanter : celui d'Antonio, ton fils, dont la mort, parce que tu ne pouvais pas t'y résoudre, t'entraîna vers la tienne. Car comment accepter cela? La mort d'un fils, cette part la plus vivante, la plus jeune, qui s'en va, vous précède, vous appelle ? » Jacques Ancet
Voici le recueil le plus bouleversant du poète espagnol José Angel Valente.