Mon livre surprise
Du Cyan Plein les Mains
J’ai armé, j’ai tiré, j’ai troué. Deux fois de suite, pas une de plus. La journée n’étant pas finie, je devais économiser mes cartouches. J’ai hurlé «À MORT LE LAID!» et je les ai laissés s’éteindre dans une mare d’hémoglobine somme toute assez réussie au niveau de la composition. On rencontre parfois la joliesse à des places insoupçonnées.»
La nouvelle qui donne son nom à ce recueil possède sa propre histoire. J’ai d’abord publié Du cyan plein les mains en 2000 sur mon site personnel www.andremarois.com. Elle raconte la soudaine rage d’un graphiste qui décide de châtier tous ses confrères qu’il considère comme coupables de réaliser des choses laides. Ayant décidé d’offrir régulièrement un inédit à mes visiteurs, je commençai donc par celui-ci et en avertis le magazine spécialisé en publicité au Québec, Infopresse, qui s’empressa de colporter la nouvelle dans sa lettre d’information quotidienne en annonçant «La vengeance d’André Marois». Le résultat me dépassa. En deux semaines, plus de trois mille visiteurs vinrent lire ou télécharger ma courte fiction sur ce nouveau site d’auteur quasi inconnu. Les médias reprirent l’information, on commenta l’histoire dans les journaux et dans des blogues à Montréal, à Hull et à Toronto. Des dizaines de designers et de publicitaires m’écrivirent pour saluer mon initiative. Cela provoqua même l’attention des médias de France, et je réalisai une entrevue pour l’émission Culture pub sur M6.
Depuis, je continue à proposer des inédits sur mon site. Ce sont eux qui constituent ce recueil, ainsi que des textes écrits pour deux revues de littérature noire (Alibis au Québec et L’ours Polar en France), pour le magazine montréalais Urbania, pour la revue littéraire Moebius et pour un collectif dénonçant le racisme, Boucs émissaires.
Ces dix-huit nouvelles ont été retravaillées avant d’être réunies. Elles ont en commun un héros plutôt masculin, solitaire et urbain, révolté ou désabusé, tendre ou violent. Il n’est jamais le même, mais tous se ressemblent. Les actions sont contemporaines (la nostalgie n’est pas mon fort). L’humain est souvent faible et pris au dépourvu face à l’inattendu. La mort rôde deux fois plutôt qu’une. L’humour se faufile tant bien que mal entre le sordide ou l’ennui.
André Marois