Mon livre surprise
Beau masque
Son patronyme est Belmaschio, mais on l'appelle Beau Masque sans y chercher de malice, par commodité et manie de franciser le nom plutôt que désir de l'affubler d'un sobriquet qu'il porte du reste assez bien, encore que son charme vienne moins de la régularité de ses traits que de ses manières séduisantes.
Il a quitté l'Italie, où la police lui cherchait noise pour avoir réglé à sa manière le compte de deux traîtres pendant la guerre. Employé sur un chantier, licencié à la suite d'une grève organisée par lui afin d'améliorer le sort de ses camarades, il est devenu ramasseur de lait pour la coopérative du Clusot.
Communiste, Beau Masque ? Non, sympathisant actif. Ainsi a-t-il gagné l'amitié de Pierrette Amade, déléguée syndicale et ouvrière à l'usine de tissage du pays, militante toute dévouée au parti, et aussi jeune et jolie femme dont il tombe amoureux. II n'est pas le seul : un des patrons de la filature, Philippe Letourneau, fait de même sans succès, au contraire de Beau Masque qu'il cherchera à évincer par tous les moyens. Leur rivalité amoureuse se joue en contrepoint d'une bataille sociale et d'une rivalité entre maîtres de l'usine où se révèlent les vraies dimensions des héros de Roger Vailland.
Source : Le Livre de Poche, LGF.
«Au printemps 195., au retour d'une longue croisière qui m'avait mené, au delà de Java et Bali, dans les archipels qui unissent les extrémités méridionales de l'Asie au continent australien, je m'étais installé, pour écrire le récit de mon voyage, dans un village de montagne, entre Savoie et Jura. La Grange-aux-Vents.
Je me crus davantage à l'écart du monde et des batailles qui s'y livrent, que dans les îlots de l'océan Indien, d'où je revenais. Rien ne pouvait me faire pressentir le drame qui était en train de se nouer dans une vallée toute proche, qui devait éclater six mois plus tard, dont les échos allaient retentir dans le monde entier et à la Grange-aux-Vents, et qui fait l'objet de ce récit.».
(copie fnac)