Vingt ans, ma belle âge
Ces nouvelles et ces contes de Louis Guilloux ont paru, entre 1921 et 1950, dans des revues et des journaux. On dirait des eaux-fortes, ciselées par l'auteur de Sang noir pour nous rappeler combien la vie pouvait être dure, dans la première moitié du siècle, et surtout au lendemain de la Première Guerre mondiale. Quelle dérision dans le titre, Vingt ans ma belle âge ! C'est celui de la première nouvelle. Elle peint, avec un terrible accent de révolte, la misère d'un jeune homme, à Paris, dans les années vingt. C'est un texte désespéré et féroce, un chef-d'œuvre. Au moment où l'on parle beaucoup des mutins de 1917, une autre nouvelle, Douze balles montées en breloque, retrouve son actualité : elle raconte les sentiments d'une mère et d'une fille dont le mari et père, un soldat breton illettré, a été fusillé par erreur. Mais on sait que la vie n'est pas toujours aussi tragique. La petite paysanne ambitieuse fera fortune parce que, chez Maxim's, en toute ignorance, elle gifle un roi. Humain, chaleureux, révolté, gai quand même, c'est Guilloux tout entier que l'on est heureux de retrouver dans ce recueil, publié pour la première fois en volume.