Trahisons
Il est interdit à quiconque, sous peine des sanctions les plus graves, de déflorer l'histoire de ce livre. On avancera donc ici avec une extrême précaution…
On confirmera simplement, pour tous ceux qui seraient tentés, en cours de lecture, de prendre ce récit pour un recueil de nouvelles, que l'ouvrage qu'ils ont entre les mains est bien un roman.
Oh, certes, un roman un peu compliqué, tout en fausses pistes, fausses portes et fausses barbes (mais les cadavres et les crimes sont vrais).
Plusieurs histoires ont l'air de partir dans tous les sens et les personnages peuvent s'absenter sans crier gare, mais c'est pour mieux se retrouver — au chapitre 7 — …et se trahir (dans toutes les acceptions qu'on voudra bien donner à ce terme) un peu plus tard.
Un professeur rédige après la mort de l'un de ses confrères une notice nécrologique qui tourne au règlement de comptes venimeux…
Cinq voyageurs réunis par hasard dans un train sont témoins d'un crime que chacun d'eux a peut-être quelques bonnes raisons de commettre…
Les uns et les autres racontent des histoires à dormir debout mais où une terrible vérité semble se faire jour.
Un professeur (encore ! ) enseigne une nouvelle théorie de la fiction, mais ses élèves doivent s'engager par écrit à ne rien divulguer des découvertes du maître…
La rédaction d'une biographie vaut à un témoin un peu trop curieux de se retrouver égorgé…
Un « serial killer » s'en prend aux infirmières sous le regard vide du vieil Esculape…
Un homme politique doué pour la littérature écrit un roman entièrement plagié sur le manuscrit d'un pauvre auteur qu'il empoisonnera pour plus de sûreté — en quoi il se trompe lourdement.
Moralité de tout cela : on n'est jamais si bien trahi que par soi-même.
On l'aura compris, Trahisons est un roman vertigineux, gouverné par un humour féroce.
Roman farci de culture aussi : toute l'Angleterre de la Belle Époque semble s'y être donné rendez-vous par figures mythiques.