Sueur de sang
En 1893, plus de vingt ans après les faits qu'ils relatent, Léon Bloy publie un premier recueil de trente contes (qui précède d'un an celui des Histoires désobligeantes), qu'il a donnés dans le Gil Blas, au temps de sa collaboration brève et tumultueuse avec le célèbre hebdomadaire qui, désireux de « muscler » sa rédaction, l'avait recruté.
Nourris de ses souvenirs de soldat, les textes de Sueur de Sang proposent un portrait cru, bigarré et picaresque de la guerre, celle 1870, à mi-chemin entre un naturalisme à la Zola ou à la Huysmans, et la férocité sardonique d'un Maupassant ou d'un Villiers de l'Isle-Adam.
À l'héroïsme mystique, Bloy oppose ici une vision fangeuse et barbare de la guerre, avec ce style truculent et vigoureux qui le caractérise.