Poèmes indiens

Miguel Angel Asturias

Poèmes indiens
216 pages
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Le Grand Diseur parle des hommes Nous avons ceint les diadèmes du feu, les diadèmes de l'homme, il fallait défendre nos biens, notre sol ancestral, sans le trafic des maîtres ; nous avons pris les clefs de l'avenir où commencent le temps et le ciel que traverse celui qui pour marcher a des sandales d'or ; nous nous sommes vêtus de plumes sidérales, brodant sur nos plastrons de silence ouatés la fleur de la chance brûlante et héroïque ; alors notre combat a commencé dans les montagnes et les campagnes, et dans l'alignement des métiers à tisser, dans les mots conjugués avec de la rosée, dans les outils que nous baignions de notre sueur. [...]

Une grande assemblée. Comme une eau jaillie de la roche, les yeux sur la pierre humide et lunaire des visages, la pierre polie par le vent. Ils voyaient, ils parlaient, inexistants et existants, dans le silence et la parole, ils existaient quand ils parlaient, ils s'effaçaient en se taisant, les mains sur les balances de leurs avant-bras, parés de bracelets qui pesaient les propos du sage, donnaient des ailes à l'éloquence du devin et s'ouvraient et se refermaient comme des feuilles de pavot dans les doigts douloureux de l'extatique...

Cette assemblée, une seule voix l'exprimait : le Grand Diseur, suivi et poursuivi, entre le jour et le sommeil, par les mots, par les colibris, la peau gracieuse de l'épi de maïs vert et la douce robe des biches, marinières du vent et des distances...

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