Phèdre
Marina Tsvétaeva donne ici une vision bouleversée de Phèdre, une tragédie éclair, rapide comme le malheur, en quatre tableaux et peu de pages. Une tragédie qui vous traverse les nerfs et les passions. D’une claque, d’un coup de vif Tsvétaeva fouette le sang classique pour faire sortir de ses personnages aux abois. Phèdre aura elle, moins de succès avec Hippolyte, cloîtré dans les forêts sanctuaires de la déesse Artémis.Amoureuse d’Hippolyte, son beau-fils, et repoussée par lui qui est tout entier dévoué à Artémis, Phèdre se pend. Thésée, son époux; faute et demande à Poséidon de le punir. Le mythe est connu, qu’ont exploité Euripide, Sénèque, Racine… Marina Tsvetaeva retrouve dans Phèdre les grands thèmes qui, au tournant de sa vie, l’obsèdent. Et dès lors, en filigrane de la légende grecque, dans une pièce dont la langue oscille du pur lyrisme à une verve populaire, où la violence de la passion s’oppose au destin, s’affirme l’émouvante présence d’une poétesse moderne. L’exil de Phèdre, éloignée de sa Crète natale, et sa pendaison trouvent en effet un écho tragique dans le propre exil de Tsvetaeva et dans son suicide en 1941, deux ans après son retour en URSS. (artcorusse)