Nouvelles musicales
Hoffmann a réuni quelques-unes de ses inventions poétiques sous le nom de Nouvelles musicales ; à dire le vrai, elles mériteraient toutes ce nom. Elles relèvent du genre capriccio ou caprice, morceau instrumental de façon libre, spontanée, fertile en surprises et en harmonies inattendues. Le fantastique intérieur, créé par Hoffmann, doit autant à la musique qu'au rêve, autant à la fabrique de sensibilité propre à E.T.A. qu'à la vision d'ensemble du romantisme germanique. La création littéraire de Hoffmann est issue de la musique qu'il portait en lui, de ce chant intérieur qu'il n'a cessé d'écouter et qui constitue la trame de sa vie vécue et de sa vie rêvée. C'est pourquoi, tout en appartenant par essence au fantastique, elle se réfère aussi à sa propre expérience et à ce qu'on appelle la réalité. Le Chevalier Gluck est une hallucination qu'il éprouva à Berlin, en 1808, quand il tirait si fort le diable par la queue. Don Juan traduit son amour pour Julia Marc, sa jeune élève de Bamberg, La Fermata, nouvelle connue sous le titre Le Point d'orgue, rapporte un souvenir d'enfance où le sinistre oncle OW, l'oncle Quel-malheur ! joue un rôle fâcheux. Le conseiller Krespel a existé ; Goethe parle de lui au sixième livre de Poésie et Vérité. Quant au Turc automate et prophète, c'était une invention du "physicien" von Kemptlen Marcel Schneider.