Les yeux dans le mur
Un jour, lors d’une séance de dédicace, Edmond Baudoin a rencontré une jeune fille. Une fille "qui ressemblait à un garçon avec un anneau d’or dans une narine". Elle lui a dit s’appeler Céline et étudier dans une école d’art. Plus tard, elle lui écrit : elle lui demande de venir chez lui pour faire son stage de fin d’études. Le résultat, c’est ce livre. Baudoin dit qu’il ne sait plus, aujourd’hui "lequel des deux a été stagiaire". Ensemble, ils ont scénarisé et dessiné Les Yeux dans le mur. C’est l’histoire d’une rencontre entre un peintre et son modèle. "Est-ce qu’il cherche vraiment quelque chose ?", se demande le modèle. "Il", c’est le peintre. Oui, il cherche quelque chose. Il cherche à savoir ce qui se cache derrière les apparences de chacun. Il cherche à capturer l’essence même de la réalité de l’autre. C’est pour ça qu’il peint et dessine des portraits. Mais c’est impossible, hélas. Ou peut-être tant mieux. C’est impossible, parce que "l’autre reste l’autre". Comme le constate Baudoin, un portrait ne peut être, au mieux, qu’un autoportrait. Mais c’est déjà beaucoup, non ? Baudoin poursuit ici sa réflexion et ses recherches sur l’altérité, déjà abordée dans Le Portrait. Il s’interroge sur ce mystérieux processus de la création artistique, à travers la relation entre celui qui peint et celui – ou celle – qui est dessiné(e). Cet album est un événement : c’est la première bande dessinée de Baudoin en couleurs. Le trait charbonneux et sensuel du dessinateur est rehaussé d’aplats de couleur qui font revivre les jeux de lumière de sa ville d’origine, Nice. Le bleu de la