Le vertige
Qu’est-ce qui vaut la peine d’être dit de moi ? » Frédéric Debomy, journaliste et scénariste de BD, tente de décliner la proposition embarrassante de son ami, le grand Edmond Baudoin : lui tirer le portrait. En vain. Pour le dessinateur, cette pudeur constitue au contraire l’amorce idéale, celle d’une esquisse au trait charbonneux, où les fragments épars d’une trajectoire à la fois banale et eÎptionnelle – amour, attente, rupture ou deuil – se répondent à travers un double prisme : le regard que les autres portent sur soi et celui qu’on porte aux autres. Au fil du dialogue qui s’établit peu à peu entre les deux hommes, le récit graphique prend ses libertés, et le style inimitable de Baudoin, à mi-chemin entre peinture et bande dessinée, fait la part belle à l’imaginaire et à la suggestion. Un tableau dansant, direct, fluide et fuyant comme la vie.