Les pommes sauvages & la vie sans principe
Ces fruits doivent être mangés dans les champs, lorsque l'exercice vous a stimulé le système, que le froid glacial vous pince les doigts, que le vent souffle avec fracas dans les ramures dénudées ou fait frissonner les quelques feuilles qui restent encore, et qu'on entend le geai pousser ses cris alentour. Ce qui paraît acide à la maison est rendu doux par une marche vivifiante. Il faudrait étiqueter ainsi certaines de ces pommes : "à consommer dans le vent." Dans son désir d'une pensée de qualité, Thoreau recommande de ne pas laisser la "poussière de la rue" envahir son esprit, de le protéger contre la profanation par l'actualité frivole : il résiste avec vigueur pour rendre le cerveau indisponible aux sollicitations médiocres d'une société qui, dans sa quête matérialiste, a perdu le sens de l'humain