Balade d'hiver, couleurs d'automne
Dans Balade d'hiver, couleurs d'automne, l'auteur partage sa passion pour la nature et lui voue un véritable culte. Ces deux articles sont tirés de son journal – on peut d'ailleurs retrouver la première partie de celui-ci aux éditions Finitude, le reste va être publié progressivement.
Il est intéressant de noter que Balade d'hiver a été écrit en 1846, alors qu'il s'est retiré dans sa cabane dans les bois, et Couleurs d'automne en 1862, l'année de sa mort.
Dans ce recueil, comme dans la plupart de ses écrits, il s'emploie à observer la nature et à nous la décrire, donnant un sens à celle-ci. Il est plus qu'un observateur, il connaît les plantes par leur nom en latin, sait où elles poussent, quelle atmosphère leur est favorable... Il cherche à « décrypter les signes d'une harmonie universelle au sein de laquelle l'homme doit trouver sa place » (quatrième de couverture).
Il le fait ici à travers deux saisons. Son écrit sur l'hiver porte très bien son titre. Il nous balade véritablement le long d'une journée hivernale.
Il nous parle ici surtout d'animaux plus que de la nature elle-même, bien que ce qu'il décrit de ces êtres permette de mettre en évidence leur vie rythmée par celle de la nature. La symbolique des saisons et des rythmes de la nature a une place très importante dans ses écrits, dont celui-ci. Il loue le quotidien bercé par les saisons, ici l'hiver en l'occurrence. Il structure ses phrases de manière à instaurer un rythme évoquant la redondance.
Il apprécie les métiers en rapport avec la nature tels que ceux de fermier, de bûcheron ou encore de pêcheur. On peut voir dans les métaphores qu'il emploie que pour lui, ces métiers n'existant que par la nature et ne pouvant continuer sans le respect de celle-ci sont des plus valorisants, car en parfait accord avec la nature qu'il n'a de cesse d'étudier. Il a d'ailleurs travaillé quelque temps comme jardinier, et qui plus est le fait de vivre en autarcie l'a obligé à cultiver la terre. S’est ainsi révélé à lui le lien profond qui existe entre la terre et l'homme, lui donnant une nouvelle dimension.
La façon dont il décrit cette journée nous fait traverser l'hiver dans une paix profonde. Il utilise cette saison pour décrire à la fois un état physique et un état d'esprit. Le calme de cette saison matérialise celui de l'esprit lorsqu'il prend le temps de se poser et de méditer. En effet, l'hiver donne l'impression que la nature entière est en hibernation, qu'elle se repose, médite, avant de refleurir. C'est une façon pour lui de dire à l'homme qu'il y a un temps pour tout, et qu'il est important de le prendre pour réfléchir, calmer son esprit et se détendre.
D'ailleurs cette balade qu'il nous fait partager est peut-être ce moment même de détente auquel il nous appelle. On peut noter qu'il utilise l'emploi de la première personne du pluriel. Ce « nous », Thoreau l'utilise pour nous emmener avec lui dans sa balade d'hiver. Il souhaite très profondément amener l'homme à prendre conscience que son salut se trouve dans la nature.
Pour Thoreau la nature a de nombreuses vertus ; c’est « dans la nature sauvage qu’il faut aller marcher, pas dans des parcs et jardins, si l’on veut que l’effet spirituel de la marche se produise éviter les routes, sauf les anciennes routes qui ne mènent nulle part… »
On retrouve dans ce livre une véritable analogie entre le chemin de la pensée et celui de la promenade. Ici, suivre un chemin dans la pensée n'est pas seulement un cliché littéraire. On avance avec lui dans la forêt comme on avance dans sa réflexion. Et au-delà de ses écrits, ses choix se sont beaucoup traduits dans sa façon de vivre avec la nature. En effet, pour lui la pensée a besoin du grand air et de soleil. C'est une des raisons qui expliquent pourquoi il marchait dans la nature sauvage quatre heures par jour si ce n'est plus. Son chemin de promenade est une métaphore de son cheminement de vie intérieur et spirituel.