Les nuits de Patience
Mais les esprits, ces fragments de création qui continuent chaque nuit à naître des ténèbres, ceux qu'il faut bien appeler "djinnas authentiques", qui ne se sont pas commis jusqu'à devenir des divinités, ceux dont l'existence fait aujourd'hui encore monter la sève dans la tige des arbres, qui arrondissent les fruits mûrs et les ventres des femmes, interfèrent toujours dans la vie des humains à la demande des sorciers.
On dit que le pays où ils sont les plus nombreux s'appelle de leur nom Djinnée, qu'on prononce aujourd'hui Guinée. En toute logique, c'est aussi le pays où l'on trouve le plus de sorciers."
Venue en France poursuivre des études mais chassée par sa famille, la jeune Patience est confiée au psychologue Ernesto Sanchez, à qui elle avoue qu'elle "sort la nuit et mange les gens". Comment croire une chose pareille ? Religieux, exorcistes, politiciens, simples villageois ou migrants, autant de gens pour qui la sorcellerie n'a pourtant rien d'une vague superstition folklorique. Car la sorcellerie, et donc les sorciers, servent avant tout... à tuer.