Le cahier de transmissions
Martin Winckler s'en explique dans le préambule : dès l'adolescence, il est un lecteur passionné de science-fiction et de nouvelles. Et l'année qu'il passe aux USA juste après son bac l'ancre encore plus dans cette idée : la nouvelle, c'est l'atelier de l'écrivain.
« Les nouvelles y sont indispensables à l´écrivain de fiction, tout comme les formes courtes pour le compositeur, et les petits formats pour le peintre. Ne pas en écrire (et ne pas en lire) n´est pas seulement une faute de goût, c´est quasiment une faute professionnelle... » nous prévient-il. "
Pour Martin Winckler, l'écriture de la nouvelle c'est se jeter dans un genre, ceux qui vous secouent ou vous attirent le plus en tant que lecteur, la science-fiction, les vieux Conan Doyle. Mais c'est une manière aussi d'ouvrir les pans secrets de la biographie : « Les recettes d'Auschwitz » sont explicitement dédiées à une tante qui y a disparu, et avec « Le cahier de transmissions » qui donne son titre au livre, on retrouve en transparence le portrait du père, le secret des livres, des premières écritures, et de la bibliothèque.
Maintenant, y a-t-il un Winckler médecin et romancier, et un Winckler nouvelliste qui prend distance ? Les cinq récits présentés ici sont liés en profondeur à la veine la plus centrale de son engagement. L'euthanasie : alors imaginons qu'Holmes demande à Watson de lui donner la mort. L'avortement : et si on reprenait le thème du Petit Poucet, l'enfant volontairement perdu, mais dans les rudes labyrinthes urbains du présent. La médecine et la vie résonnera longtemps, pour celui qui l'a accompli, la vie qu'on suspend au bout d'un coma, quand c'est au proche qu'on demande de « débrancher ».