Lady Ludlow
Je suis une vieille femme maintenant et les choses ont bien changé depuis ma jeunesse. On voyageait alors en diligence avec six personnes à l'intérieur et l'on mettait deux jours pour accomplir un trajet que les gens font aujourd'hui en deux heures à grand renfort d'embarras et dans un fracas à vous rendre sourd.
En ce temps-là, les lettres n'arrivaient que trois fois par semaine ; et même, dans certains coins d’Écosse où j'ai séjourné dans mon enfance, il n'y avait de courrier qu'une fois par mois. Mais, alors, les lettres étaient des lettres ; on en faisait grand cas, on les lisait et on les étudiait comme des livres.
Maintenant, la poste arrive bruyamment deux fois par jour, apportant de brefs messages, qui n'ont parfois ni commencement, ni fin, et se résument en une courte phrase dont les gens bien élevés n'oseraient pas user dans la conversation.
Bon ! bon ! c'est peut-être le progrès ; au fond je le crois. Mais vous ne trouveriez pas aujourd'hui une seule lady Ludlow. je vais essayer de vous faire faire sa connaissance.