La maison d'Éther
À travers le voyage introspectif d'un écrivain à la recherche de son passé, dans le Maroc d'aujourd'hui et celui d'Hassan II, Christian Durieux signe un récit remarquable de délicatesse et de gravité. À cette gravité du propos, se greffe la chaleur du dessin en couleur directe de Denis Larue, dont c'est le premier long récit en bande dessinée. Martin Mesner est un écrivain bruxellois d'une quarantaine d'années. Le manque d'inspiration, les doutes, son quotidien lui pèsent... Sur un marché aux puces, il rencontre Mohamed, un jeune vendeur hâbleur. Sur son étal, une affiche représentant une vue de la médina de Tétouan au Maroc. Ce tableau ranime des souvenirs en lui qui le décident à retourner à cet endroit qu'il a connu vingt ans plus tôt. À Tétouan, Martin a pris ses quartiers au coeur de la médina. Son logeur lui impose la présence d'une femme de ménage, Hajja, avec qui il sympathise. Mais, peu à peu, les fantômes du passé reviennent le hanter. Car Martin est sur les traces d'un ami, disparu dans les geôles politiques d'Hassan II, roi du Maroc, qu'il a abandonné vingt ans plus tôt. Rares sont les ouvrages qui abordent autant de thèmes avec autant de délicatesse : Affres de la création artistique, perte des illusions, recherche d'identité... Le tout dans le contexte très particulier du Maroc sous le règne d'Hassan II, une époque où il ne valait mieux pas être en contradiction avec le pouvoir, sous peine d'exil ou de prison.