La Seine était rouge
On a mis nos plus beaux habits. Mon père m’a dit : « Tu es toujours la plus jolie, ma fille ». J’étais fière. Il me prendrait par la main et on marcherait dans la ville. Il a dit à ma mère : « Tu pars avec la Petite, moi je prends les garçons. Vous risquez rien. Tu le sais… »
J’ai pas compris pourquoi on se séparait et pourquoi on aurait dû avoir peur. Il a ajouté: « C’est pacifique », il a répété plusieurs fois « pacifique ». Je savais pas pourquoi il employait ce mot-là, et à trois reprises.
Sur la carte du monde, j’avais lu sur le bleu : pacifique. J’ai pas posé de question. » Paris, 17 octobre 1961. La fin de la guerre d’Algérie n’est pas loin et, en réponse au couvre-feu imposé à la communauté algérienne, le FLN décide l’organisation à Paris d’une manifestation pacifique.
Violences de la police parisienne et des harkis sous les ordres du préfet Papon, arrestations massives, matraquages, meurtres…
Depuis, silence sur ces journées de massacre. Paris 1996.« Sa mère ne lui a rien dit, ni la mère de sa mère ». De ce silence, Amel, 16 ans, va faire une quête. Avec d’autres de sa génération, et grâce au film documentaire de Louis, 25 ans, fils d’une française ayant adopté la cause algérienne, elle va tenter de conjurer l’oubli.
Ce roman à plusieurs voix mêle, à la façon d’un script de film, souvenirs et témoignages des acteurs de cette journée. La Seine était rouge, Paris, octobre 1961, a été publié une première fois en 1999 aux éditions Thierry Magnier, dans notre collection de romans pour adolescents. Il nous paraissait essentiel de le proposer dans un format accessible à un public encore plus large.