La Figuration narrative
Forgée dans le Paris des années 1960, en opposition à l'abstraction qui domine alors la scène artistique et en réponse au Pop art américain, la Figuration narrative n'a jamais constitué une avant-garde structurée. Les peintres qui s'y rattachent - Rancillac, Télémaque, Monory, Saul, Klasen, Arroyo, Adami, Erro, Fahlström, Fromanger, Cueco, des collectifs tels qu'Equipo Cronica ou les Malassis - brisent avec insolence les bonnes manières, non sans dérision et autodérision, pour inventer un art de peindre au présent, à hauteur d'homme, qui bouscule les références ou les hiérarchies culturelles obligées. Avec l'ambition de décrypter un monde accablé de représentations affligeantes, ils affûtent leur manière de peindre au contact du cinéma, de la bande dessinée et de la publicité, dont ils recyclent l'énergie et détournent les usages. La Figuration narrative offre ainsi au regard une peinture à dimension politique et, aux images, cette part de l'intelligence du monde qui attise le désir de voir.