L'étang - Félix
Le récit dialogué L'Etang commence sur un mode réaliste inhabituel dans l'oeuvre de Walser, une charge directe contre la famille. Il s'agit du seul texte écrit en dialecte par le grand écrivain suisse alémanique. Les scènes de Félix ont elles aussi un contenu autobiographique. Effronteries et audaces s'expriment avec raffinement et courtoisie au fil de vingt-quatre scènes.
«Comme c'est calme ici. Comme les sapins se reflètent dans l'eau. Comme les branches dégoulinent, en silence, tout doucement. On dirait un chant. Sur l'eau, les feuilles nagent comme de petits bateaux. Voilà un lieu pour être bien triste et mélancolique. Mais je ne suis pas venu ici pour pleurer. Il faut que je me grouille. (Il retire sa veste.) Voilà! Que la veste repose dans l'herbe. (Il jette son chapeau dans l'eau.) Et qu'une fois dans sa vie, le chapeau apprenne à nager. J'ai dit à Paul que j'étais fatigué de vivre, que j'allais à l'étang.»
Robert Walser, né à Bienne en 1878, est mort à Herisau en 1956. L'Etang est son seul texte écrit en dialecte. Félix fait partie des oeuvres découvertes dans les microgrammes.