L'araignée sauvage
Steve Charbonneau a trouvé un exutoire dans l’écriture de récits d’horreur. “J’écrivais quelques lignes, et je me sentais aussitôt partir pour un autre monde, un monde où tout était permis, un monde où je pouvais enfin libérer ma colère.” Hélas, l’apprenti écrivain a le malheur d’utiliser les noms de personnes réelles dans un texte où il réserve notamment un sort horrible au directeur de son école. L’histoire tourne au cauchemar quand ce dernier met la main sur le récit : jugé menaçant, l’ado de 16 ans échoue dans un centre de détention où il rencontrera une faune singulière.
S’inspirant d’une mésaventure dont ont été victimes quelques jeunes ces dernières années, François Gravel manie avec bonheur la mise en abyme et le trompe-l’œil pour créer une intrigue à tiroirs qui bascule d’un genre à l’autre. Riche en coups de théâtre, le roman cultive volontiers l’incertitude. L’auteur se met avec crédibilité dans la peau de Steve : vu à hauteur d’ado, le regard porté sur l’école, le système judiciaire et les psys ne manque pas d’humour. Une belle leçon d’écriture de fiction, sans aucun arrière-goût didactique. --Marie Labrecque