Haïkaï du jardin
Le haïkaï(ou haïkou) appartient à la tradition la plus stricte de la poésie japonaise. Trois vers le composent, un heptasyllabe pris entre deux pentasyllabes. Dans son avertissement, Louis Calaferte indique le sens de son travail : «Dans cette suite, volontairement je n'ai pas eu recours à la forme traditionnelle des haïkaï, n'en respectant que la substance - pour découvrir qu'elle est une authentique interprétation du monde et un particulier éveil du regard intérieur».Tout est dit. Il s'agit d'un regard : il capte, il isole, il désigne. Il s'agit d'un regard intérieur : c'est l'esprit qui donne sens. Ce regard intérieur est une signature. Une note est produite. Elle se prolonge alors même qu'elle semble éteinte. C'est dans cette vibration du silence qui suit qu'il faut entendre le haïkaï. Le fini et l'infini y battent en même temps. Ce moment-là, cet instant si fugace est, au cœur des choses, un frémissement d'éternité. C'est pourquoi le haïkaïfait souvent l'économie du verbe ou le conjugue au présent. Au milieu du bruit et des vanités du monde, dans l'été d'un petit jardin de Bourgogne, Louis Calaferte écoute : Quelque part dans le silence tombe une pomme.