Gloire à nos illustres pionniers
J’ai trouvé le titre de ce recueil de nouvelles dans les Promenades sentimentales au clair de lune de Sacha Tsipotchkine : « L’homme — mais bien sûr, mais comment donc, nous sommes parfaitement d’accord : un jour, il se fera ! Un peu de patience, un peu de persévérance : on n’en est plus à dix mille ans près... Pour l’instant, l’homme n’est qu’un pionnier de lui-même... Gloire à nos illustres pionniers ! »
Il n’y a pas eu préméditations de ma part : en écrivant ces récits, je croyais me livrer seulement au plaisir de conter. Ce fut en relisant le recueil que je m’aperçus de son unité d’inspiration : mes démons familiers m’ont une fois de plus empêché de partir en vacances. Mes airs amusés et ironiques ne tromperont personne : le phénomène humain continue à m’effarer et à me faire hésiter entre l’espoir de quelque révolution biologique et de quelque révolution tout court, sans oublier évidemment l’illusion très littéraire de Kafka, lorsqu’il affirme que « le pouvoir des cris est si grand qu’il brisera un jour les rigueurs décrétées contre l’homme ». Voilà où j’en suis. Et dire que mon intention était entièrement louable et que je croyais vraiment faire plaisir au lecteur, le distraire agréablement, sans aucune arrière-pensée. Enfin, ce sera pour une autre fois. R. G.