A l'origine, un étonnement : pourquoi y a-t-il deux sexes ? pourquoi y a-t-il tant d'espèces ? pourquoi y a-t-il tant de langues, de peuples et de cultures ? Il n'est pas facile de se résigner à la diversité ; nous rêvons de revenir à l'unité perdue. Nous parlons, nous commerçons, nous faisons l'amour, nous tuons. Bref, nous rencontrons autrui : d'où des convergences, mais aussi des différenciations. Notre histoire est acentrique et le restera. A nous d'accepter la coexistence et de respecter les particularités des autres.

Ursula Le Guin a grandi dans un milieu favorable à cette vision relativiste : elle est la fille d'Ursula Kroeber, l'auteur d'Ishi, et du grand ethnologue Alfred Kroeber. Elle rend hommage à l'archaïque dans le cycle de Terremer. Elle annonce l'échec de toutes les tentatives à venir pour conquérir la galaxie ou même fédérer les humanités dispersées ; échec salutaire qui sera pour les hommes un enrichissement mutuel. Tel est le thème de La ligue de tous les mondes, auquel ce volume se rattache étroitement. Le nom d'Ursula Le Guin est synonyme de sensibilité, de lucidité et d'art de vivre.